HORMONOTHÉRAPIE BORÉALE LECTURE
Attention : roman sur une femme trans écrit par une femme cisgenre, revue écrite par un homme cis gay.
DJ BAMBI d’Auður Ava Ólafsdóttir
Logn est une femme d’une soixantaine d’année, vivant seule dans une vieille tour sur le littoral de Reykjavikois. Trans, elle suit une hormonothérapie, et attend le coup de fil de l’hôpital pour savoir quand elle pourra faire l’« l’opération du bas » (sic) : on est en Islande, il faut faire venir le chirurgien de l’étranger. On découvre aussi la vie de la copropriété (je découvre aussi perso), qui consiste essentiellement à faire la guerre aux grands oiseaux qui pullulent dans le quartier. Comme d’habitude avec Ólafsdóttir, on navigue dans une douce déprime nordique, il ne se passe rien et c’est passionnant.
Il y a toujours une certaine crainte à voir une personnage transgenre écrite par une autrice qui ne l’est pas (sauf révélation fracassante), mais on est loin des atrocités à la John Boyne (un défenseur de JK, allez voir le titre de son roman jeunesse (!) de 2019 si vous avez le cœur bien accroché).
Des personnes directement concernées pourraient aborder ce point avec plus de légitimité que moi. Néanmoins, disons qu’il pourrait apparaître un poil caricatural que la petite intrigue tourne autour de la sacro-sainte « opération », et le rebondissement final sur l’histoire familiale me semble assez malvenu. Mais d’un autre côté, le fait que le morinon de Logn ne soit évoqué que par une sainte initiale est assez élégant. Et le trait est beaucoup insisté sur le comportement toxique et excluant d’une bonne partie de la famille (heureusement qu’il y a le soutien indéfectible du frère jumeau de Logn). Je ne suis pas assez qualifié pour juger du réalisme ou de l’opportunité de la description de l’effet de la prise d’hormone sur les humeurs.
Toujours est-il que nous n’avons pas là un texte qui cherche à faire dans le sensationnalisme.
Et il sera beaucoup pardonné à Ólafsdóttir par sa probable caricature en écrivaine lourdingue qui veut écrire sur la vie de Logn.
Traduit par Eric Boury (l’un des trois traducteurs/ices islandais > français.)
Chez Zulma, 198 pages, 21,50€
Cette revue est la 90e page de mon fichier texte de vendredi lecture, commencé il y a 8 ans, avec le roman graphique Ces Jours qui disparaissent de Timothé le Boucher
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