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Non seulement ils ont découvert un antibiotique contre des bactéries résistantes/nosocomiales 100 fois plus puissant que ceux existants mais en plus une méthode/piste pour en trouver d'autres.
(via @tangledwing)
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Traduction de https://www.sciencedaily.com/releases/2025/10/251029002855.htm
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Des scientifiques découvrent un antibiotique 'caché' 100 fois plus puissant contre des superbactéries mortelles.
29 octobre 2025
Source : Université de Warwick
Résumé :
Une équipe de scientifiques a découvert un antibiotique caché, 100 fois plus puissant que les médicaments existants contre des superbactéries mortelles telles que le SARM. Cette molécule était restée insoupçonnée pendant des décennies au sein d'une bactérie bien connue. À ce jour, elle ne présente aucun signe de résistance, ce qui offre un espoir dans la lutte contre les infections résistantes aux médicaments et ouvre la voie à de nouvelles approches pour la découverte d'autres antibiotiques.
TEXTE INTÉGRAL
Un antibiotique 100 fois plus puissant contre les superbactéries
Des chercheurs ont mis au jour une molécule longtemps restée cachée, 100 fois plus puissante que les antibiotiques connus. Cette découverte suscite un nouvel espoir dans la lutte contre les bactéries résistantes aux antibiotiques.
Des chimistes des universités de Warwick et de Monash ont identifié un nouvel antibiotique prometteur capable de lutter contre les infections bactériennes résistantes aux antibiotiques, notamment le Staphylococcus aureus resistant à la méthicilline (MRSA) et l'Enterocoque resistant à la vancomycine (VRE). La résistance aux antimicrobiens (RAM) est considérée comme l'une des menaces les plus graves pour la santé mondiale. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a récemment averti qu'il y a "trop peu d'antibactériens en développement" et que la plupart des antibiotiques facilement décelables ont déjà été identifiés. Le développement de nouveaux antibiotiques étant coûteux et peu rentable, peu d'entreprises pharmaceutiques investissent dans ce domaine crucial.
Découverte d'un intermédiaire antibiotique insoupçonné
Dans un article récent du Journal of the American Chemical Society, des chercheurs de l'Alliance Monash Warwick pour la lutte contre les superbactéries émergentes ont rapporté la découverte d'un nouvel antibiotique puissant appelé pré-méthylénomycine C lactone. Ce composé était resté insoupçonné, intervenant comme intermédiaire chimique dans le processus naturel de production de l'antibiotique connu méthylénomycine A.
Le professeur Greg Challis, co-auteur principal de l'étude et membre du département de chimie de l'université de Warwick et de l'Institut de découverte biomédicale de l'université Monash, explique que "la méthylénomycine A a été découverte il y a 50 ans et, bien qu'elle ait été synthétisée à plusieurs reprises, personne ne semble avoir testé l'activité antimicrobienne des intermédiaires de sa synthèse ! En supprimant les gènes de biosynthèse nous avons découvert deux intermédiaires de biosynthèse jusqu'alors inconnus qui sont tous deux des antibiotiques bien plus puissants que la méthylénomycine A elle-même."
Une activité antibactérienne 100 fois supérieure
Lors des tests, l'un de ces intermédiaires, la lactone de pré-méthylénomycine C, s'est révélé plus de 100 fois plus actif contre un large éventail de bactéries Gram-positives que la méthylénomycine A. Il s'est avéré particulièrement efficace contre Staphylococcus aureus et Enterococcus faecium, les espèces bactériennes à l'origine des souches du Staphylococcus aureus méthicilline-résistant (SARM) et de l'Enterococcus vancomycine-résistant (ERV). La Dr Lona Alkhalaf, professeure adjointe à l'Université de Warwick et co-auteure principale de l'étude, fait remarquer que "il est frappant de remarquer que la bactérie produisant la méthylénomycine A et la lactone de pré-méthylénomycine C, Streptomyces coelicolor, soit une espèce modèle de la production des antibiotiques, étudiée de manière approfondie depuis les années 1950. La découverte d'un nouvel antibiotique dans un organisme aussi connu a été une véritable surprise." Elle a ajouté qu'il semblerait que S. coelicolor ait initialement évolué pour produire un puissant antibiotique (la lactone de pré-méthylénomycine C) mais qu'avec le temps elle se soit orientée vers la production de méthylénomycine A, version moins puissante qui pourrait jouer un rôle biologique différent. De manière encourageante l'équipe de recherche n'a trouvé aucune preuve de résistance bactérienne à la lactone de pré-méthylénomycine C chez Enterococcus dans des conditions qui induisent généralement une résistance à la vancomycine. La vancomycine étant souvent un traitement de dernier recours pour ces infections, ce résultat est particulièrement prometteur pour lutter contre les entérocoques résistants à la vancomycine (ERV), que l'OMS classe comme pathogène prioritaire.
Une nouvelle voie pour la découverte d'antibiotiques
Le professeur Challis a souligné que "Cette découverte suggère un nouveau paradigme pour la découverte d'antibiotiques. En identifiant et en testant les intermédiaires des voies de biosynthèse de divers composés naturels, nous pourrions découvrir de nouveaux antibiotiques puissants, plus résistants contre les résistances bactériennes et qui nous aideront dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens". La prochaine étape du développement de cet antibiotique est dans les essais précliniques. Dans une publication coordonnée parue plus tôt cette année dans le Journal of Organic Chemistry, une équipe dirigée par Monash en collaboration avec l'équipe de Warwick et financée par l'initiative Monash Warwick Alliance Combatting Emerging Superbug Threats a publié une synthèse à grande échelle de la lactone de pré-méthylénomycine C, ce qui ouvre la voie aux recherches ultérieures. Le professeur David Lupton, de l'École de Chimie de l'Université Monash, qui a dirigé ces travaux de synthèse, en dit que "cette voie de synthèse devrait permettre la création de divers analogues pouvant être utilisés pour étudier la relation structure-activité et le mécanisme d'action de la lactone de pré-méthylénomycine C. Le Centre pour l'impact de la résistance aux antimicrobiens de Monash nous offre une excellente plateforme pour faire progresser ce traitement antimicrobien prometteur".
Grâce à sa structure chimique simple, son puissant pouvoir antibactérien, son profil apparemment résistant à la résistance et son procédé de production à grande échelle, la lactone de pré-méthylénomycine C se distingue comme un nouveau candidat prometteur. Elle pourrait à terme contribuer à sauver une grande partie des quelque 1,1 million de vies perdues chaque année à cause de la résistance aux antibiotiques.
Référence de l'article :
Christophe Corre, Gideon A. Idowu, Lijiang Song, Melanie E. Whitehead, Lona M. Alkhalaf, Gregory L. Challis. Discovery of Late Intermediates in Methylenomycin Biosynthesis Active against Drug-Resistant Gram-Positive Bacterial Pathogens. Journal of the American Chemical Society, 2025 ; DOI : 10.1021/jacs.5c12501
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