Merci à celleux qui boostent mes messages concernant mon travail, nous indépendants atypiques précaires constamment sur le fil, on en a plus que besoin !
#poete
Dans mes rêves, les rues sont pavées de pierres anciennes, mémoire minérale. Je veux leur langue dense et râpeuse. Je veux celle de l’arbre, je veux que les bêtes m’apprivoisent. Je veux respirer les parfums de l’âme, les répandre partout.
Je veux l’illusion de la terre, en mottes, collées à mes semelles, à mes pieds, à mon ventre, pour guérir les sutures du vide. Je veux sentir bouger le moindre de mes muscles, souffler la musique dans les flûtes de mes os, je veux lisser ma chair, l’arrondir en paysage vivant consacré et j’attends le soleil comme on attend un amant.
DOUCE
Frisson d'ivoire
pupille insondable
un trouble à peine
lèvres entrouvertes
fleur animale
le regard
avale la lumière
#livre #poesie #collage #cathygarciacanalès #artiste #poete #cadeaux2025
LA POÉSIE
Les causes perdues, les outsiders, les éclopés, les tordus, les fragiles, les gênants, les perdants, les invisibles, les petits, les bizarres, la poésie
les à-côtés, les en-dessous, les déçus, les oubliés, les transpercés, les valdingués (les dingues et les paumés jouent à guichets fermés), les mal aimés, les décalés, les troublés, les troués, les dépecés, la poésie
les illuminés, les ombreux, les souterrains, les envolés, les perdus, les rescapés, les transparents, les sparadraps, les contusions, les pauvres cons, les agonies, les suicidés, la poésie
s’habillent de noir
les yeux perdus
dans les vagues
trempent un journal
dans leur café froid
mèches frondeuses
fantaisies du dérisoire
vin d’étoiles acrobates
bleus maudits aux rimes
du monde écorché
poème, poésie, poètes
s’habillent d’œil mûr
d’animaux étranges
ils plument tracent
transent et dansent
boivent vrillent
s’ouvrent méandres
les pépins gauches
du désir
fièvre
poème
(c)rimes
poème, poésie, poètes
saignent infiniment
à nos cous
pour des clous piqués
à la nuit noire.
États du Big Bang, Cathy Garcia Canalès, encres de Jean-Louis Millet,
éd. Nouveaux Délits 2010
Voir la note ici de Simon Degrave qui vient d'être publiée sur Terre à ciel :
https://www.terreaciel.net/Lecture-de-Simon-Degrave-Etats-du-Big-Bang-Cathy-Garcia-Canales
C'est ce que j'aime : travailler avec le temps long, dans la durée, le pérenne et qu'un livre publié il y a 15 ans puisse faire l'objet d'une belle note de lecture aujourd'hui, ça me réjouit beaucoup !
#livre #poesie #encre #cathygarciacanales #artiste #poete #bigbang #notedelecture #nouveauxdelits
ARBRE
J’aime ta présence lénitive
le chant des multitudes que tu abrites
cette tendre complicité du bois et de la plume
j’aime la sensualité de tes étirements
les lignes de ta silhouette
— fût et veines —
quand elle puise à l’encre de la nuit
j’aime la mélopée de la sève
ce chant de l’eau
sous ta peau de pachyderme
j’aime ton étreinte avec le ciel
les bijoux que t’offre la pluie
j’aime la grâce du vent
dans tes branches les plus fines
j’aime ton si plein silence
laisser mon cœur battre contre le tien
(...)
in Je l'aime nature, à tire d'ailes 2023, illustration d'Anouk Rugueu
#livre #poesie #cathygarciacanales #arbre #cadeaux2025 #poete #nature
https://auhasarddeconnivences.eklablog.com/l-oeil-la-plume-il-y-a-ceux-a193958864
in Petite histoire essentielle de la futilité, Bruno Toméra, Délit buissonnier n°3, Nouveaux Délits 2018
3/3 De même, tous les peuples n’ont pas eu de littérature, mais tous ont une poésie, comme l’avait très justement exprimé Victor Hugo.
La poésie est un art holistique, elle est toute à la fois musique, peinture, sculpture, son matériau ce sont les mots, dont elle utilise avant tout l’impact vibratoire, le sens en est parfois pulvérisé pour devenir essence. La poésie est vibration et exaltation de tout ce qui ne peut être expliqué par les mots, mais seulement perçu et parfois percé par eux.
CGC
2/3
Lui-même ne sait pas trop ce qu’il capte, mais il tente de le retranscrire en formes, couleurs, sons ou langage, ou tout à la fois. L’artiste est un médium – un moyen – d’entrer en résonance avec l’Universel. Tous les peuples, toutes les cultures sont entrées en résonance avec l’Univers à travers leur créativité, bien avant même que n’intervienne le concept d’art ou d’artiste. Tous ont confectionné de leurs mains de beaux et parfois étranges objets, pas pour les exposer mais pour les utiliser. Cette beauté et cette étrangeté, c’est ce qu’on pourrait appeler l’âme des objets.
1/3 Le poète est un artiste
Comme on pourrait dire d’une façon assez réductrice que le sculpteur est l’artiste de la forme, le peintre celui des couleurs, le musicien celui des rythmes, le poète est l’artiste du langage. Mais de même que la couleur n’est pas enfermée dans un tableau, la poésie n’est pas enfermée dans un livre. Il y a deux voies dans l’art, deux voies qui peuvent converger et souvent pour le meilleur: une voie artisane, technicienne, qui vise une certaine perfection dans la répétition du geste, une amélioration de la technique et une voie plus intuitive, plus primitive, quand l’artiste devient une sorte de capteur.
LUA NERA
sur l’antique miroir où se dévisage
dieu la mère déchiquetée
des hérésies lumineuses se mouchent
avec des mélancolies cruelles
les magiciennes désœuvrées tissent
des sorcelleries poussiéreuses
raccommodent au clair de terre
des rêves dérisoires
les poupées de songe bercent
les pantins somnambules
les nourrissent de blé trouble
de fleurs coupées à la kétamine
« allons labourer les hirondelles ! »
lance le diable tombé d’une dernière pluie
et le ciel ivre se teinte de menstrues
qu’un germe de démence
un seul franchisse le miroir
et six milliards de visages
seront soufflés comme bougie
Soliflore 145
Les Soliflores sont une extension en ligne de la revue papier, un.e auteurice = un seul texte, ces Soliflores ne sont pas publiés dans la version papier mais permettent d'offrir un espace de publication en plus.
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Une de mes créations te plait, un de mes livres te tente, contacte-moi, on fait ça simplement, merci !
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LA BOUE
zone dévastée
tôles flottantes
torrents glissements
zone engloutie
la gamine ne peut dire mot
émettre un son
sa bouche envasée
sa langue d’eau
souillée
ses yeux noirs
si noirs
personne
plus que fange
pour la prendre dans ses bras
et ses grands yeux noirs
fixent la caméra
le journaliste étranger
qui l’immortalisera
quelques minutes
à l’autre bout du monde
quelques minutes
d’apitoiement
entre fromage
et dessert
*
in Pandémonium II, illust. originales de Joaquim Hock, à tire d'ailes, 2019
(Pour celleux qui se souviennent... Omayra Sánchez, Armero, Colombie, 1985)
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MAÎTRESSE DES LUNES GIBOYEUSES
grand écart terre ciel
grand corps d’argile aux seins sablonneux
labyrinthe de tes mèches broussailles
je décroche les pendus
et les voilà qui renaissent
dans tes champs de tourbe et de salaisons
moi je voudrais être nue
là où ta lumière danse
je voudrais être ton levain d’amour
la calligraphie conjointe de tes courbes
être sur tes côtes une vague endormie
entre tes doigts le pli d’un paysage mûr
oublier pour un temps
les reptations aveugles
des marées humaines
in Mystica perdita, illustrations oiginales de JL Millet, à tire d'ailes 2009
Passe-passe
faire une passe une passe de sorcière
passe un tour un tour de passe-passe
le talon casse
passe passez passage
pas sage du tout
un souffle passe
passe la main
faire deux passes deux passes de sorcière
passe deux tours deux tours de passe-passe
le jour se tasse passe passez passage
pas sages du tout deux rats passent
la griffe casse
faire trois passes trois passes de sorcière
passe trois tours trois tours de passe-passe
passe passez passage
pas sage du tout
au fond de l’impasse
l’amour crasse
et dans la poche
une lettre
que la main froisse
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PENSE OISEAU
L’oiseau me ressasse
la lointaine menace des avions.
Et je vous le dis
les avions tombent.
in Purgatoire du quotidien, illust. de l'auteur, à tire d'ailes, 2014
(publié une première fois en 2012 en 100 exemplaires numérotés
# 32 de la collection Mi(ni)crobe
de la revue belge Microbe)
#livre #cathygarciacanales #poesie #poete #quotidien #cadeaux2025
Va fouler la poussière
les sentiers d’exil
boire à la source
la fontaine étrange
qui jamais ne tarit
à
nos folies
nos errances
nos inéquations
à l’amour
sans boiter
sans chuter
sans dépendance
va et veille
la seule étoile
qui vaille
dans son berceau
de paupières
la flamme qui ne meurt pas
qui ne ment pas non plus
moi je cherche une ivresse
qui baigne
et ne cogne pas
n’enferme pas le sang
dans une cage d’acier
alors je me dénude
et laisse le vent filer
va !
*
in Salines, illustrations originales Katy Sannier, à tire d'ailes 2007, (autofabrication depuis 2004, papier recyclé, dispo permanente)
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