La relève et la peste nous informe :
Les lions de Namibie ont quitté le désert pour vivre sur la plage
Nous sommes la première génération à observer la migration des lions face au changement climatique. C’est à la fois fascinant et bouleversant. C'est une première mondiale : cette tribu de lions a quitté le désert pour vivre sur le rivage, et chasser des otaries. Rencontre avec Griet Van Malderen, la photographe qui a immortalisé l’adaptation inédite des "lions maritimes" de Namibie. Une conséquence directe du dérèglement climatique.
La scène semble irréelle. Une lionne est paisiblement couchée sur une plage de galets noirs. En face d’elle, les vagues de l’Atlantique s’abattent sur le rivage. Elle s’appelle Gamma. Ce fauve du désert vit sur la Skeleton Coast, au nord-ouest de la Namibie, là où le désert rencontre la mer. Et elle appartient à un groupe au comportement inédit. Ce sont les seuls lions au monde à chasser des proies marines, essentiellement des otaries à fourrure du Cap.
Pendant des millénaires, les lions du désert de Namibie ont vécu loin de la mer. Notamment, dans les plaines arides du Namib (dans le sud-ouest du pays). Mais depuis quelques années, les sécheresses répétées et les bouleversements climatiques ont réduit leurs proies terrestres : oryx, autruches, springboks… Au point de forcer l’espèce à s’adapter.
Ces lions n’ont toutefois pas élu domicile sur la plage. Ils y descendent seulement la nuit pour chasser, puis regagnent les dunes à l’aube, là où ils trouvent protection et fraîcheur. Aujourd’hui, douze lions vivent le long de la Skeleton Coast. Ils appartiennent à une population totale d’environ 80 individus.
« Ces lions se sont réinventés. Depuis six mois, ils ne se nourrissent plus que d’otaries », explique Griet Van Malderen. « Le changement climatique les a poussés vers la mer. Là où le désert ne leur offrait plus rien, ils ont trouvé une nouvelle source de vie ».
Leur première rencontre avec la mer, en 2015, a bouleversé leurs habitudes. D’abord désorientés, les félins ont découvert dans les colonies d’otaries une abondance inespérée. « Lors de leurs premières chasses, les lionnes ont tué jusqu’à 40 otaries en une nuit. C’était l’euphorie de la découverte », se souvient la photographe. « Aujourd’hui, elles ont appris à se contrôler. Elles s’adaptent ».
Les chercheurs s’apprêtent à prélever et analyser le sang des lionnes et de leurs petits, afin de mesurer les effets de ce régime marin inédit sur leur organisme. Les otaries accumulent naturellement des métaux lourds provenant des poissons et crustacés dont elles se nourrissent. Cette accumulation pourrait, à terme, modifier la composition sanguine des fauves.
La question est cruciale : cette adaptation pourra-t-elle durer sans provoquer de déséquilibre biologique ? Et si l’otarie à fourrure du Cap n’est pas classée comme espèce menacée par l’UICN, une prédation plus soutenue pourrait, elle, fragiliser les colonies côtières.
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