lectio divina profana Thomas
ATTENTION GNOSTIQUE !
Lectio divina profana entre Alphonsine, Céleste et Amandin, autour de l’Évangile de Thomas, chacun s’exprimant. Ils lisent ensemble quelques logia, assis dans une salle d’attente au bord du monde, à l’orée d’un silence. Ils ne commentent pas seulement le texte. Ils s’y perdent. Et s’y retrouvent.
Logion 2 – « Que celui qui cherche ne cesse de chercher… »
Céleste (debout, les bras croisés) :
Il faut chercher. Toujours. Et ne jamais s’arrêter. C’est une prière, ça. Une prière de l’âme qui marche dans la nuit. Le Christ ici n’est pas un dogme, non. Il est un chemin. Et la vérité se fait dans la marche, dans la poussière du chemin.
« Quand il aura trouvé, il sera troublé », dit le texte.
Troublé comme un enfant qui découvre que le monde est à refaire. Comme Jeanne, le douce Jeanne, devant les flammes.
Alphonsine (voix lente, yeux clos, presque absente) :
Troublé… c’est pas la peur. C’est… plus nu. C’est le trouble du visage de l’enfant qu’on n’a pas eu. Le silence avant le cri. Trouver, c’est perdre encore. C’est devenir incapable de parler. Mais c’est ça, aussi, régner. Regarder. Sans plus dire. Juste… savoir.
Amandin (ironique, un rictus au bord des lèvres) :
Troublé, évidemment. Parce que trouver, c’est détruire ce qu’on croyait. Moi, j’ai trouvé Dieuxe dans la prison, et je l’ai haï tout de suite après, et ça pour l’aimer à nouveau. Ce genre de logion, c’est pour ceux qui osent tout foutre en l’air. Le Christ de Thomas, c’est pas un bon père de famille. C’est um voleureuse d’âmes. Um allumeureuse de révoltes.
Tous les trois, à voix basse :
Il faut chercher. Et chercher encore.
Logion 3 – « Si vous vous connaissez vous-mêmes… »
Céleste :
La connaissance de soi, c’est pas un miroir. C’est une croix. Une croix sur le dos du pauvre qui comprend qu’il est enfant. L’engendré due lo Pmère. Mais lo Pmère ici… c’est pas cille de l’Église. C’est cille qui vit dans la lumière noire de l’intérieur.
Alphonsine :
Se connaître. C’est impossible. C’est un drame, une nuit. Une blessure qu’on gratte pour qu’elle dise quelque chose. Ce texte… il parle d’une reconnaissance… presque amoureuse. Un corps qui sait qu’il a été vu. Un regard… brûlé.
Amandin :
Moi je me suis connu en volant. En m’offrant. Et j’ai vu le divin là. Dans la honte. C’est là que ça commence. Pas dans les jupes des catéchismes. Le Père vivant, c’est pas un barbu sur un trône. C’est celui qui a dans ses entrailles la chaleur des putains et la clarté des meurtrier·e·s pardonné·e·s. Iel se fait clouer aux milieu d’iels pour un echec retentissant et resplendissant.
Tous les trois, dans un souffle :
Il faut descendre en soi, pour y trouver l’autre.
Logion 22 – « Quand vous ferez le deux un… »
Céleste :
C’est magnifique. L’unité. L’âme et le corps. Le haut et le bas. Ce que Dieuxe a uni, que l’humain et l’humaine personne ne le sépare pas, disait l’autre. Ici c’est pareil. C’est une mystique de la réconciliation. Une apocalypse d’amour.
Alphonsine :
C’est un texte de femme. Je veux dire… un texte où les corps se touchent, se dissolvent. Où le dehors devient dedans. Et l’envers… comme un ventre. Oui. C’est très nu. Et très vrai. Ça ressemble à l’amour… quand il ne fait pas de bruit.
Amandin :
Unité… C’est une putain de blague pour ceux qui veulent pas choisir. Moi j’ai toujours aimé ce qui déborde. Les monstres. Les errants. Ceux qui font le deux en sang. Mais je comprends. C’est une parole de révolte aussi. Faire un. Ni homme, ni femme. Ni juif, ni grec. Ni Dieuxe, ni Loi. Juste une flamme ondulante dans la nuit.
Tous les trois, à l’unisson :
Faire un. Pour ne plus être pris. Pour devenir libre.
Logion 113 – « Le Royaume de lo Pmère est étendu sur la terre, mais les humains ne le voient pas. »
Céleste :
C’est une parole de prophète. Le Royaume est là. Dans la misère. Dans la sueur des ouvriers. Dans la main d’un mourant. Pas demain. Pas ailleurs. Ici.
Alphonsine :
C’est comme l’amour. On le voit pas. Mais il est là. Il passe. Il effleure. Et puis il repart. Le Royaume… c’est ce qu’on n’a jamais pu nommer.
Amandin :
C’est dans les yeux d’un gosse qui vit dans la rue. Dans les doigts d’un homme qui touche son amant dans le noir. Le Royaume, c’est une claque. Une injure. Une éloge. Un crachat de recherche du vent. Mais surtout… un baiser.
Tous les trois (après un long silence) :
Il faut ouvrir les yeux. Maintenant.
Logion 77 — « Je suis la lumière qui est sur eux tous. Je suis le Tout. Le Tout est sorti de moi et le Tout est revenu vers moi. Fendez le bois : je suis là. Soulevez la pierre, vous me trouverez là. »
Céleste (avec une lenteur sacerdotale) :
Voilà. Voilà le cœur battant. La lumière, ce n’est pas un halo céleste. C’est un feu. Présent dans la matière même. Dans le bois fendu. Dans la pierre soulevée.
Christ n’est pas venu abolir la chair. Il l’a sanctifiée.
Et c’est toute la gloire de Dieuxe que d’être là. Dans la chose. Dans l’objet. Dans le quotidien. Dans l’opaque.
Alphonsine (elle fume, les yeux dans la brume) :
Fendez le bois. Soulevez la pierre. Ça me bouleverse.
C’est un amour. Très ancien. Qui n’a pas besoin d’être nommé. Iel est là. Iel attend. Et iel ne dit rien.
Ce n’est pas une religion. C’est un silence. C’est un corps qui respire.
Je n’ai jamais pu croire en Dieuxe. Mais j’ai cru en cette lumière qui traîne sur la table après les adieux.
Amandin (iel rit, un peu amer) :
Foutez la paix aux temples. Foutez la paix aux dogmes. Le Christ est dans les caniveaux. Dans la poussière. Dans la main qui vole. Il n’est pas encore dans les églises, ni encore dans les discours. Il est dans la blessure. Dans l’échec.
Moi je l’ai vu, cès Dieuxe-là. Un soir. Il pleurait dans la cellule d’un gosse de dix-sept ans.
Tous les trois :
Fends. Soulève. Regarde. Il est là.
Logion 70 — « Si vous donnez naissance à ce qui est en vous, ce que vous avez vous sauvera. Si vous ne donnez pas naissance à ce qui est en vous, ce que vous n’avez pas vous détruira. »
Céleste :
C’est une parabole terrible. Mais juste.
Celui qui n’accouche pas de lui-même se perd.
C’est comme la France. La République. Ou la foi. Si elles ne se renouvellent pas dans la douleur et la vérité, elles se nécrosent.
L’âme doit naître à elle-même.
Alphonsine :
C’est une phrase d’accouchement. De l’humain mère.
Donner naissance à ce qu’on porte… c’est ce qu’on fait quand on aime. Quand on écrit.
Mais c’est douloureux.
Parfois on meurt à force de ne pas accoucher.
On devient… sec.
Un désert dans un lit vide.
Amandin :
Moi j’ai donné naissance à ce qu’il y avait en moi : la honte, la beauté, le forfait.
Je l’ai jeté à la gueule du monde. Et ça m’a sauvé.
Je suis devenu prêtre parce que je ne voulais pas mourir voleur.
Mais si j’avais gardé ça en moi ?
Je serais mort en silence. Comme tant d’autres.
Tous les trois :
Il faut enfanter. Même dans la peur.
Logion 6 — « Quand vous jeûnerez, vous donnerez naissance à vous-mêmes… »
Céleste :
Le jeûne ici n’est pas que du pain. C’est un retrait.
Une purification.
Un dépouillement.
C’est dans la pauvreté, dans la sobriété, que naît la Vérité.
Je pense à nos ouvriers étrangers. À leur vie maigre. Elle est pleine de feu.
Le jeûne… c’est la veille de la Résurrection.
Alphonsine :
C’est la faim.
La vraie.
Celle du manque.
Manquer quelqu’un.
Manquer quelque chose.
C’est dans ce manque connu et reconnu que quelque chose… naît.
Moi je n’ai jamais été que ça : un corps qui attend quelque chose qui ne viendra pas. Et c’est de là que j’ai créée.
Amandin :
Jeûnons, oui.
Des institutions.
De la morale.
Du confort.
Je ne veux pas de leur pain si c’est pour manger en silence.
Moi j’ai jeûné. De reconnaissance. D’amour. De droit.
Et c’est pour ça que je suis né à la beauté.
À ma beauté.
Dans l’ombre.
Tous les trois :
Jeûner, c’est se mettre à nu.
Logion 108 — « Celui qui boira de ma bouche deviendra comme moi ; et je deviendrai lui, et les choses cachées lui seront révélées. »
Céleste :
C’est le mystère de la communion.
Pas une magie.
Mais une union.
Il ne s’agit pas de croire.
Il s’agit de devenir.
Christ n’est pas à côté. Il est dedans.
Et nous devons devenir sa bouche. Ses mains. Son regard.
Alphonsine :
Boire de sa bouche…
C’est… un baiser.
Un souffle.
Une brûlure.
C’est érotique, mystique, et tendre.
Il y a dans cette phrase un amour sans image.
Une dissolution.
Un oubli de soi.
Amandin :
Boire de sa bouche ?
Je l’ai fait.
Pas au sens qu’ils croient.
Mais j’ai bu aux lèvres de ceux que la société méprise.
Et j’ai vu Dieuxe dans la salive d’un homme que j’aimais.
C’est pas catholique, peut-être. Mais c’est vrai.
Tous les trois :
Nous voulons devenir sa bouche. Et le feu qu’elle allume.
Logion 11 – « Ce ciel passera, et celui qui est au-dessus passera. Les morts ne vivent pas, et les vivants ne mourront pas. »
Céleste (gravement, presque liturgique) :
Il y a ici une parole de feu. Le temps s’efface. Le monde aussi. Le ciel, la terre, les tombeaux… tout passe. Seul·e demeure cille qui Est.
« Les vivants ne mourront pas. »
Ce n’est pas une promesse de résurrection, d’immortalité. C’est une affirmation du présent éternel. Une déclaration de foi nue, sans marbre, sans chapelle. Un tremblement d’être.
Alphonsine (elle dit les mots comme on dirait le nom d’un enfant perdu) :
Les morts… ne vivent pas.
C’est affreux. C’est splendide.
Ils sont partis, et nous ne savons pas où.
Mais ceux qui vivent… ne meurent pas.
C’est quand on aime qu’on comprend ça.
Ceux qu’on aime vivent. Même après le silence.
Le texte… il parle d’une présence sans nom.
D’un amour sans tombe.
Amandin (en ricanant doucement) :
Tu peux crever dix fois, si t’as jamais vécu, t’es déjà mort.
Mais ceus qui vivent vraiment… ceus qui ont pris feu, ceus qui ont haï, aimé, trahi…
Ceus-là, on peut pas les tuer.
Pas même avec leurs cercueils dorés.
Moi, j’ai décidé de vivre comme un.
Et je mourrai comme une cicatrice.
Tous les trois :
Les vivants ne mourront pas.
Logion 50 – « Si on vous dit : ‘D’où venez-vous ?’ répondez-leur : ‘Nous sommes venus de la Lumière, du lieu où la Lumière s’est engendrée elle-même…’ »
Céleste :
Il n’y a pas d’origine chronologique. Il y a une origine de feu.
Nous sommes nés de la lumière.
Comme Jeanne dans sa clairière. Comme la Vérité dans la bouche d’un enfant qui ne sait pas mentir.
La Lumière ne vient pas du dehors. Elle s’engendre elle-même. Comme Dieuxe.
C’est ce qu’on a perdu en quittant l’innocence.
Alphonsine :
Nous sommes venus de la lumière…
C’est trop beau pour être dit.
Je pense à cette lumière… dans les yeux de cette personne, à la fin.
Quand il ne reste rien.
Ni peau.
Ni voix.
Juste la lumière.
C’est là qu’on revient.
Toujours.
Amandin :
Je suis venu d’une cellule. D’un égout. D’un oubli.
Mais je suis venu aussi de cette lumière qui se fait dans l’ombre.
La lumière… elle est pas gentille. Elle est pas pure.
Elle est brute.
Elle brûle les yeux.
Mais je sais qu’elle m’a fait.
Et qu’elle me reprendra.
Tous les trois :
Nous sommes venus de la lumière. Et nous y retournons.
Logion 29 – « Si la chair a été faite à cause de l’esprit, c’est une merveille. Mais si l’esprit a été fait à cause du corps, c’est une merveille des merveilles. »
Céleste (s’émerveille comme d’un secret longtemps oublié) :
Ah !
Voilà une vérité qu’aucune Église ne peut enfermer.
Que la chair soit pour l’esprit… c’est la foi des mystiques.
Mais que l’esprit soit pour la chair… c’est la foi des incarnés.
C’est l’enfant dans les bras de sa mère, de son père.
C’est le pain rompu sur la table.
C’est Dieuxe qui descend jusque dans la peau.
Alphonsine :
C’est très beau.
C’est très simple.
Et c’est insupportable.
Le corps est une mer.
Un monde.
Et l’esprit y flotte… comme une algue.
On veut croire que l’âme gouverne.
Mais c’est la peau qui décide.
C’est elle qui garde la mémoire.
Amandin :
J’ai toujours cru que le corps était un évangile.
Un foutu évangile écrit en coups, en sueur, en morsures.
Si Dieuxe existe, iel est là, dans les lèvres d’un garçon qui ment mal.
L’esprit n’est rien sans ça. Rien.
C’est pas une merveille. C’est un blasphème. Et j’en suis fier.
Tous les trois :
Le corps est une merveille. Et Dieuxe s’y cache.
Logion 18 – « Heureux celui qui était, avant de venir à l’existence. »
Céleste (les yeux vers un ciel invisible) :
Celui qui était… avant…
Avant ?
Voilà le mystère.
Dieuxe a dit à Moïse : « Je suis ».
Avant la naissance, il y a l’être.
Celui qui sait cela, qui sent cela, porte le Royaume en lui.
Même dans les chaînes.
Alphonsine :
Avant d’exister…
Il y a le désir.
Le souffle.
L’attente.
La mer.
C’est une parole de nuit.
Une parole pour celleux qu’on a pas su aimer.
Amandin :
Moi j’étais avant.
Avant les chaines. Avant la honte.
J’étais.
Et je serai encore, après.
Celui qui sait ça… il a déjà gagné.
Même s’il expire.
Surtout s’il expire.
Tous les trois :
Avant que nous soyons, nous étions.
Alphonsine, Céleste et Amandin s’effacent lentement dans la lumière du texte, au fil des derniers logia de l’Évangile de Thomas. Nous approchons du seuil, de l’ultime silence.
Logion 112 – « Malheur à la chair qui dépend de l’âme, et malheur à l’âme qui dépend de la chair. »
Céleste (les mains jointes, la voix pleine de craquelures) :
C’est un avertissement. Comme une corde tendue entre deux gouffres.
La chair sans l’âme s’épuise. L’âme sans la chair se dissout.
Il ne faut pas confondre l’incarnation et la possession.
La liberté, c’est que l’un n’asservisse pas l’autre.
Alphonsine (très bas) :
C’est un cri.
Un cri dans un lit vide.
Quand l’âme ne sait plus si elle habite un corps… ou une absence.
C’est aussi un amour.
Quand on aime trop.
Quand on se perd dans l’autre.
La dépendance est une noyade lente.
Ce logion… c’est une chambre sans fenêtre.
Amandin (il grince des dents avant de sourire) :
Moi, j’ai toujours mélangé les deux.
Chair et âme dans le même foutoir.
Mais je sais ce que c’est :
d’avoir une âme qui se prostitue à un corps,
ou un corps qui se met à genoux devant une âme en miettes.
Faut faire gaffe. Ou tout crame.
Tous les trois :
Ne dépendez que de la lumière.
Logion 113 – « Ses disciples lui dirent : ‘Quel jour le Royaume viendra-t-il ?’ Jésus dit : ‘Il ne viendra pas en observant. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou “Il est là !”. Mais le Royaume de lo Pmère est étendu sur la terre, et les hommes ne le voient pas.’ »
Céleste (ému comme um veilleureuse) :
Voilà.
Le Royaume n’est pas un futur. Ni un au-delà.
C’est un ici. Un maintenant.
Mais on ne le voit pas.
On attend un miracle, on oublie le pain.
On prie pour la paix, on oublie la main.
Le Royaume est là. Et nous sommes aveugles.
Alphonsine (iel ferme les yeux, une larme unique au coin des cils) :
Il est là…
dans le café froid.
dans le pas lent d’un vieillard.
dans la poussière d’une cour d’école.
C’est une lumière qui ne crie pas.
C’est un amour sans voix.
Le Royaume, c’est ce qu’on ne nomme pas.
Amandin (presque tendre, la voix rauque) :
Moi je l’ai vu, ce foutu Royaume.
Dans la bouche d’um jeune gens en colère.
Dans la main d’um travesti·e qui bénit son client.
Le Royaume, c’est pas propre.
C’est pas poli.
C’est pas catholique.
C’est brûlant.
Et ça te regarde sans juger.
Tous les trois :
Il est là. Et nous devons apprendre à voir.
Logion 114 – Dernier logion – « Simon-Pierre leur dit : « Que Marie sorte de parmi nous, car les femmes ne sont pas dignes de la vie. » Jésus dit : « Voici que je la guiderai pour en faire plus qu’un homme, afin qu’elle devienne l’esprit vivant, plus que vous les hommes. Et toute femme qui se fera homme est le Royaume. » »
Céleste (avec colère et tremblement) :
On a sali ce texte.
On l’a tordu pour en faire un jugement.
Mais c’est un retournement.
Une révélation.
Ce n’est pas la femme qu’il faut effacer.
C’est le genre qu’il faut brûler.
Le Royaume n’a pas de sexe.
Il ne connaît que la lumière.
Alphonsine (elle murmure, presque pour elle) :
Marie…
Elle est toutes les femmes qu’on a faites taire.
Jésus ne nie pas sa chair.
Il la fait devenir souffle.
Pas pour l’abolir.
Pour la traverser.
C’est un passage.
C’est une transfiguration.
C’est un amour.
Et il est offert à toutes.
À tous.
À celle qui devient elle-même en brûlant les habits qu’on lui a cousus.
Amandin (un rire doux, presque apaisé) :
Moi, j’ai toujours été au fond de moi cette femme.
Cette Marie-là.
Qu’on veut faire sortir par la porte.
Et qui revient par la cave.
Le Royaume, c’est pour les métamorphes.
Les en-dehors.
Les tordus.
Les saint·e·s travesti·e·s.
Alors ouais.
J’y entre.
Et je l’emmerde, Simon-Pierre.
Tous les trois (lentement, en regardant une lumière que nous ne voyons pas) :
Toute femme qui est flamme entre dans le Royaume.
Silence.
Les trois voix se taisent.
L’une s’éloigne.
L’autre reste.
La dernière s’efface comme une étoile filante dans l’ombre.
Ne reste qu’un murmure.
« Que cellui qui a des oreilles pour entendre, entende. »
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