Lmst

Dans les sentiers de neige il y a des pages incroyables sur la place que peut occuper l’imaginaire dans le quotidien d’enfants. C’est d’ailleurs passionnant de voir comment l’exploration de cette thématique au sein de la littérature dite blanche donne ici lieu à quelque chose de si neuf, au regard de ce qui peut s’écrire de meilleur dans le genre (je pense par exemple au travail de Patrick Ness). Dans le roman, le monde fantastique entretient une relation ambivalente avec le réel. Il en révèle la complexité et la profondeur alors que les Teambuilding les plus sophistiqués sont le plus souvent un prétexte à une réécriture d’une réalité contemporaine ou historique, ce qui induit finalement une hiérarchie. Kev Lambert capte et acte quelque chose de très compliquée à saisir : la prévalence temporaire de la fiction dans l’enfance.

Je pense que je me souviendrai toujours de ces pages où Zoey se retrouve seul dans la bibliothèque de son école, et explore librement les rayons destinés aux « lectures de filles ». Et de mon émotion en lisant ce déchirant acte de foi romanesque : « Y a plein d’enfants comme nous. On va les trouver ».

« Les entiers de neige », Kev Lambert, éd Le Nouvel Attila, 2024.

#kevlambert #lenouvelattila #roman #litteraturejeunesse #imaginaire #enfance #livre #roman #book #gwendaloules

JOYEUX NAËL LECTURE

Les sentiers de neige de Kev Lambert.
Zoey est un petit enfant en primaire, dans une école près du Lac Saint-Jean, au Québec. L’instit, le psychologue scolaire, ses parents, ne le comprennent pas ; ses petits camarades le maltraitent. C’est Noël, 2004, et dans une grande maison de l’oncle Lamontagne ont lieu des festivités qui sont comme la famille, incroyablement beauf. Heureusement, Zoey va pouvoir s’en évader en retrouvant Emie-Anne venue de la ville de Québec, petite-fille chinoise adoptée, elle aussi révulsée par le monde des adultes.

Après nous avoir raconté l’histoire d’une architecte montréalaise ultra-bourgeoise dans « Que notre joie demeure » Lambert retourne dans le Saguenay populaire pour une virée dans le monde de l’enfance. Moins fantastique que « Tu aimeras ce que tu as tué », les enfants ici s’échappent de la réalité (et quelle triste réalité, les grandes agapes beauffies m’ont rappelé les pires heures dans le camping caniculaire de La Chaleur de Victor Jestin) par des rêveries à l’imaginaire puisé dans des Zelda époque Nintendo 64. Réaliste par contre est la description de la violence du harcèlement scolaire, ou des conflits qui règnent dans une large famille où les rancœurs partent dans toutes les directions.

Toujours un auteur intéressant, et une langue québecoise respectée.

D’après quelques interview (ou entrevues 😉 ) Kev Lambert fait actuellement une transition vers un genre androgyne (mais on peut toujours le genrer au masculin), ses précédents romans étaient publiés sous un autre prénom.
Chez Le Nouvel Attila, 21,90€, 425 pages

#vendredilecture #Québec #Canada #Saguenay #LesSentiersDeNeige #KevLambert