Salut mastoche ! Aujourdâhui, on va parler politisation des espaces en lignes. Ou comment expliquer Ă taon collĂšgue centriste que continuer Ă aller sur le rĂ©seau de #Musk, ce nâest pas trĂšs diffĂ©rent que de continuer Ă consommer les mĂ©dias de BollorĂ© ou Murdoch. #thread #pĂ©dagogie
đ Il y a quelques jours, lâannonce de twitter de supprimer la fonction blocage a beaucoup fait parler, mais nâa pas toujours suscitĂ© dâanalyses approfondies sur les tenants exacts de cette dĂ©cision. Qui est vraiment gĂȘnĂ©.e par lâimpossibilitĂ© de #bloquer les autres, et quâest-ce que ce type de changement structurel appliquĂ© au rĂ©seau (qui nâest pas le seul depuis son changement de propriĂ©taire) implique pour sa population et les messages quâil renvoie ? âŹïžâŹïžâŹïž
En fait, il faut voir les choix techniques et de gouvernance faits depuis le rachat comme un ensemble, mais celui-ci, que ce soit pour son effet dâannonce ou ce quâil implique directement, est particuliĂšrement imagĂ©.
Pouvoir bloquer un.e utilisaterice, plutĂŽt que simplement utiliser le bouton mute, a quelques effets immĂ©diats que lâon peut considĂ©rer directement : ne plus pouvoir ĂȘtre mentionnĂ©, ne plus avoir de QRT, bref, sâexposer Ă moins de bruit et se sĂ©parer du reste du rĂ©seau, surtout en cas de harcĂšlement (ce qui nâempĂȘche malheureusement pas les choses comme les captures dâĂ©cran, le blocage est de plus en plus contournĂ©).
Mais ce quâil faut se demander sur le blocage, câest qui en a le plus besoin⊠Ou plutĂŽt, qui a vraiment besoin de filtrer ce qui lui provient et de sâisoler de certaines parties du rĂ©seau plutĂŽt que dâautres ?
đ Ă titre personnel, je suis sur #mastodon pour une raison plutĂŽt simple : jâĂ©tais sur Twitter il y a une dizaine dâannĂ©es, jây ai acquis plein de choses utiles (les bases de mon Ă©ducation politique, de culture anti-psy qui mâa grandement aidĂ© pour plus tard, des connaissances pour mon futur boulot dans lâinformatique, un moyen de sociabiliser avec quelques personnes, et surtout un moyen de rester en activitĂ© en tant que personne avec TDAH, câest quand mĂȘme vachement utile, bref).
JâĂ©tais sur Twitter en 2012, jusquâĂ que ce le rĂ©seau oĂč lâambiance Ă©tait encore bonne, peuplĂ© en français de journalistes, dâinformaticien.ne.s, et dans mon cercle proche quelques militant.e.s libristes, fĂ©ministes intersectionnel.le.s ou anar commence Ă ĂȘtre pourri par lâextrĂȘme-droite.
En dix ans, le rĂ©seau sâest rempli de personnalitĂ©s qui sont surtout arrivĂ©es sur la fin de la dĂ©cennie pour lâespace francophone, la sociĂ©tĂ© sâest polarisĂ©e, TPMP est arrivĂ© sur les Ă©crans, le Figaro nous a donnĂ© des larmes Ă boire sur le wokisme, Tiktok a fini par commencer Ă prendre le relais pour informer les gen Z plus jeunes sur la culture queer ou les neuroatypies (et tant mieux pour le moment), mais surtout, Twitter est devenu invivable. Lâambiance est mauvaise, on se fait agresser en permanence, le rĂ©seau paraĂźt impossible Ă modĂ©rer correctement. La communautĂ© est dâune taille Ă©norme, trop grande, tout le monde interagir trop facilement avec nâimporte qui.
đ„ Mais si Twitter continue toujours Ă tenir Ă peu prĂšs debout jusquâĂ lĂ , malgrĂ© son ambiance, câest que comme les sociologues le montrent rĂ©guliĂšrement, les communautĂ©s qui lâutilisent se regroupent naturellement en #clusters. Des groupes sociaux avec leurs codes culturels et leurs signes de reconnaissances propres (les nĂ©o-pronoms, le drapeau dans le tweet name, etc.), leurs gros « influenceurs » respectifs qui sont le noyau dur de pas mal de communautĂ©s, pour notre langue pas mal de gens branchĂ©s sur les rĂ©seaux anglo-saxons qui redistribuent les concepts quâon y trouve de plus frais en gĂ©nĂ©ral.
Ces communautĂ©s peuvent prĂ©senter au premier regard un aspect un peu Ă©tanche, faiblement poreux mais poreux quand mĂȘme : on a trouvĂ© de plus en plus de groupes, ligues ou gens isolĂ©s perdus par lâalgorithme qui se sont mis Ă contredire gratuitement des gens qui ne portaient pas simplement leurs sensibilitĂ©s, par divertissement, par haine ou par maladresse, avec les annĂ©es.
DâoĂč la dĂ©tĂ©rioration automatique des climats locaux. Et surtout, dâoĂč le fait que Mastodon par exemple est sĂ©parĂ© en #instances oĂč le facho ne vient pas taper sur lae fĂ©ministe devant ellui et vice versa. On a des exutoires et des moyens pour rappeler ce qui nous gĂȘne dans la vie de tous les jours mais sans faire un champ de bataille, ce qui est plutĂŽt sain in fine,
Du coup, sur Twitter, le blocage, le choix des abonnements et autres fonctionnalitĂ©s servaient un peu Ă se polariser comme il faut et Ă garder des espaces de dialogue sains entre individu.e.s fĂ©dĂ©rĂ©.e.s par les mĂȘmes luttes. (1/3)