La Fabrique de l’Innocence de Mona Chollet
⭐⭐⭐
Note : 2.5 sur 5.
Depuis longtemps Mona Chollet une voix qui s’élève dans le brouhaha des conformismes, un regard inquiet qui scrute les méandres de la petite bourgeoisie intellectuelle. Dans La Fabrique de l’Innocence, elle tente de déconstruire les illusions d’un monde où la quête de pureté devient un fardeau, où l’innocence est brandie comme un étendard, alors qu’elle ne fait souvent que masquer des vérités douloureuses.
En lisant cet essai, je n’ai pu m’empêcher de ressentir un mélange d’admiration et de colère. Mona, et sa plume incisive, s’attaque à cette notion de « voix dans nos têtes », cette petite voix qui, dans sa tyrannie, nous empêche d’embrasser notre humanité dans toute sa complexité. Elle évoque surtout avec justesse le malaise de cette petite bourgeoisie, hantée par une culpabilité qui la pousse à se vouloir vertueuse, tout en ignorants les réalités du monde qui l’entoure.
La manière dont elle aborde les souffrances psychiques, en les reliant au confort matériel, est éclairante. Elle dépeint en fait ces figures de la petite bourgeoisie qui, en quête d’une âme pure, se réfugient dans un discours d’auto-culpabilisation, comme si leur malaise pouvait être expié par les mots. Mais, au fond, cette quête d’innocence n’est qu’un leurre qui éloigne de la lutte sociale.
Et là, j’ai le sentiment que ce livre, tout en voulant éclairer, sombre (un peu) dans le piège de l’introspection narcissique. Cette obsession de la « bonne conscience » devient un miroir, une manière de détourner le regard des véritables enjeux politiques qui nous assaillent. Laissons de côté cette vision simpliste où l’individu se retrouve seul face à ses démons, et remettons en question les structures qui nourrissent cette aliénation.
Je ne peux m’empêcher de penser à la manière dont la critique de Mona est à la fois nécessaire et insuffisante. Elle interroge la place de l’égo, mais elle peine à dépasser cette perspective pour embrasser une vision plus collective, retrouver le commun. Dans un monde où la lutte pour la justice sociale se heurte à des préjugés ancrés, sa voix, bien que précieuse, semble parfois se perdre dans les méandres de la culpabilité de la petite bourgeoise. (le bourgeois n’a pas ce problème bénéficiant de l’armure du cynisme)
Que dire de ses positions sur des sujets brûlants, comme la Palestine, où elle se trouve vraiment du bon côté de l’engagement ? Il serait vraiment malhonnête d’ignorer son engagement face à l’injustice, mais il faut aussi reconnaître que son discours peut parfois se cantonner à l’autoréflexion, négligeant la portée politique de ses mots.
Je me retrouve face à ce conflit intérieur. Mona Chollet, avec son écriture, invite à réfléchir sur nos culpabilités, à questionner notre place dans le monde, mais n’oublions pas que la véritable lutte ne se limite pas à cette introspection. Elle doit s’étendre vers l’extérieur, vers ceux qui souffrent, vers ceux qui sont opprimés, et nous devons le faire collectivement par des action commune, délibérées, et, surtout pas individuellement pour s’acheter à vil prix de la déculpabilisation (attention au risque du ton DevPers « développement personnel »).
Rubaiyat
Dans l’innocence, la voix s’éveille,
Chollet scrute l’âme, dévoile sans pareille.
Mais sous ce vernis, les vérités se cachent,
Le confort matériel, un piège à surveiller.
Ghazal
La quête de pureté, un fardeau lourd,
Mona nous rappelle que l’amour est sourd.
Dans la petite bourgeoisie, la culpabilité,
Étouffe les luttes, et la vérité se meurt.
Sous le poids de l’inconscient, les âmes s’enlacent,
Mais l’engagement réel ne doit jamais se casser.
Au-delà des mots, la lutte s’impose,
Car c’est dans l’action que l’amour explose.
Haiku
Voix de l’innocence,
Sous le poids des certitudes,
Luttes à l’horizon.
Ainsi, à travers cette méditation sur La Fabrique de l’Innocence, je découvre non seulement les travers de notre époque, mais aussi l’importance d’un engagement authentique, d’une lutte qui transcende les limites de l’individu pour embrasser la complexité du monde. C’est dans cette quête que réside la véritable essence de notre humanité.
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