Jour 7 et 1 semaine : le gribouillis du tout et ou rien
Ce soir j’écris, j’écris à la demande.
Après une longue journée intense, je signale à Nounou une crise d’angoisse.
Il m’appelle et on discute. Et il me dit « Fais ce qui te fais du bien, écris, raconte ce que tu vis » Alors me voilà à écrire ces lignes.
Ce soir un peu avant 19h je commence un film que je mettrai sur pause pour répondre à mes messages, pour faire la vaisselle, pour faire pipi, pour tout plein de raison. A l’évidence à 20h20, j’ai envie de m’occuper en même temps. J’envisage très sérieusement de reprendre le crochet, cela fait des mois que je n’y ai pas touché et j’ai pensé à emmener mon panier de création dans ma nouvelle maison. Quelle opportunité ! 22h film en pause, je suis en crise car je n’ai pas su trouver le modèle sans couture qui me plairait de réaliser.
Alors que je me juge sévèrement avec le goût amer de « ne servir à rien », « n’être capable de rien », « ne pouvoir rien faire sans modèle » Nounou me liste tout doucement mes fameux « je ne fais rien » depuis bientôt 7 jours, 1 semaine.
J’ai déménagé seule dans une nouvelle maison et #actuallyautisticfr cela fait 4 jours que je prends mes marques.
J’ai également pitcher mon projet de stand auprès du collectif guadeloupéen dont je fais partie pour apprendre le lendemain que l’exposition a été reporté sans date fixe par la ville.
J’ai passé ma journée à faire des choix, si j’allais manger avant ou après, si j’allais ou non acheter tel articles, si c’était pertinent ou non de répondre à tel besoin, ce que je voulais manger dans ma salade composé, combien d’articles je voulais dans ma gamme matériel, ce après avoir appris que ma session bi-hebdomadaire de pratique artistique était annulé le matin même.
Tant de chose qui a cet instant précis de la soirée, portait dans ma tête la valeur du « rien ». Comme un détails qui se balaye, comme une valeur nulle de la vie de tout les jours qui ne m’aurait que peu couter. Bien sûr.
Je comprends alors que pour moi un quelque chose qui ne serait pas rien c’est ce fameux modèle de #crochet que je peine à trouver, bien sûr le repas que j’ai préparé ce soir alors que je tiens à peine debout ce n’est rien, la seule chose qui compte c’est faire quelque chose en crochet, bien sûr le fait de marcher comme un crabe pendant plusieurs heures pour tenir jusqu’au bout de la mission course ça ne compte pas à côté de ces mailles que je ne crochète pas.
Quand je me rends compte alors de la réalité de cette vision, je me sens mal à l’aise, comme si j’étais prise en porte à faux d’une dévalorisation privée et intime.
Une dévalorisation qui s’écroule quand Nounou me dit « tu ne fais pas rien tout les jours tu fais quelque chose tu fabriques la vie »
Devant cet argument que dire.
Comment comparer deux rangs de crochet bancal à un petit être vivant dont on fabrique les organes ?
Mais du coup !
Comment comparer quelques mailles plus ou moins bien enchaînés avec des actions, réflexions entrelacés entre elles depuis une semaine ?
Et puis pourquoi les comparer ?
C’est bien les questions qui se pose à mon cerveau alors que froidement une part de celui ci le juge sévèrement de pas être capable d’un minimum d’efforts, un minimum d’effort juste un petit effort de rien du tout, qui bien sûr me coûterait une réserve d’énergie que je n’ai plus.
Alors ce petit rien à cet instant représente un tout pour mon cerveau. Un tout qu’il ne peut pas assumer. Un tout qui loin de couter rien lui coûterai toute son énergie.
Quand je prends conscience de tout cela et non pas sans peine, 43 minute de discussion m’aideront à me rappeler que l’indulgence envers le rien est égale à la reconnaissance du tout qui co existe.
Peut être que ce soir je n’ai rien fait mais ce rien ne définit pas ce que je suis, ni l’ensemble de ma vie, juste un moment de pause que je me suis accordé ce soir, tout pareil et différent de ces 7 derniers jours, 1 semaines.
Cet écrit est significatif, comme une preuve qu’un rien peut tout déclencher, un gribouillis sur un papier peut devenir une œuvre, une pensée obsessive, un partage de fediverse.
Ce soir je m’offre un lâcher prise, par ces mots, d’une productivité du peut tout faire pour le bénéfice du droit du rien.
🙏🏽🥹✨🍄
Citation :
Le chat semble mettre un point d’honneur à ne servir à rien, ce qui ne l’empêche pas de revendiquer au foyer une place meilleure que celle du chien.
Il est un ornement de luxe.
Michel Tournier
#freemind
#videtete
#ecrire
#lacherprise