#VendrediLecture "La grotte aux poissons aveugles" d'Ayoh Kré Duchâtelet (avec en couverture, comme toujours chez Ròt-Bò-Krik, une œuvre de William Morris).
Confédération du Niger-Congo, 2065. Alors que l'ordre établi est remis en cause, une mystérieuse personne "La Sonde" est interrogée par les autorités. Empruntant à différents genres, du polar à l'horreur, de l'historique à la science-fiction, le roman propose un récit mosaïque, où le huis clos de l'interrogatoire alterne avec des scènes historiques, tandis que le contemporain laisse peu à peu entrevoir l'ampleur des contestations.
La toile de fond du roman est celle de la colonialité, de sa violence, de son caractère implacable, qui se déploient à travers les siècles, des réductions en esclavage aux colonisations, jusqu'aux mainmises liées à l'extraction des ressources perpétuant l'exploitation des populations. Face à cette violence qui se reconfigure mais ne s'interrompt pas, l'incipit du roman donne d'emblée le ton : "oeil pour oeil, tous aveugles". En effet, découlant des croyances tout autant que produit des exactions commises, surgi de la lisière des mondes et des réalités, quelque chose se manifeste et déploie ses ailes, entreprenant une vengeance sanglante.
Dénonciation usant d'un registre horrifique riche en métaphores, "La grotte aux poissons aveugles" est une lecture semblable à un cri de révolte qui ébranle et interpelle.
#MastoLivre #SFFF