"Des jours sans fin" travaille d'une façon très originale la période historique de la constitution des États Unis. Le roman repose intégralement sur le récit rétrospectif de Thomas McNulty et sur sa voix, frustre et directe, remarquablement restituée par Sebastian Barry.

La brutalité des épisodes de sa vie et de celle de son compagnon John Cole, de leur fille adoptive Winona, sont sublimés par la capacité de l'auteur à invoquer dans l'esprit du lecteur tout un pan de la cinématographie américaine, constitutive du récit de la fondation du pays.

Sans pour autant renoncer à la subtilité et à l'ambiguïté, le récit est porté par un humanisme fragile parfaitement déchirant. Mais aussi par la force de l'histoire d'amour entre les deux hommes, dont on comprend progressivement la singularité, par touches progressives qui n'en font jamais "le sujet", bien que la dimension queer de ce roman de guerre participe grandement à sa singularité.

Vraiment magnifique.

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Ma modeste récolte au Musée des Beaux Arts de Strasbourg. Quelques fleurs, un chien et un collier de perle (ceux de la Belle Strasbourgeoise de Nicolas de Largillière), et les bouclettes d'un enfant.

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Visite de l'Aubette 1928 à Strasbourg. De l'oeuvre de Sophie Taeuber-Arp, Hans Jean Arp et Theo Van Doesburg, il ne reste que quelques salles restaurées depuis les années 80 qui ont perdu en grande partie leur vocation initiale de lieu de vie. Même si cette muséification a permis de sauver pour une part cette magnifique oeuvre d'art totale moderniste, c'est un peu triste.

Week-end parisien avec le prétexte professionnel du Festival du Livre : l’exposition W.Anderson à la Cinémathèque à la hauteur de son fétichisme ; la joie de revitaliser mes souvenirs de la fabuleuse expo Hockney de 2017 à Pompidou, cette fois-ci à la Fondation Louis Vuitton ; se retrouver sous le pont d’une rocade londonienne avec Mark Leckey à Lafayette Anticipations ; se réjouir de la découverte du travail de Pontus Hultén à L’Institut Suédois, en marge de la belle rétrospective Barbo Östlihn.

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Dans les sentiers de neige il y a des pages incroyables sur la place que peut occuper l’imaginaire dans le quotidien d’enfants. C’est d’ailleurs passionnant de voir comment l’exploration de cette thématique au sein de la littérature dite blanche donne ici lieu à quelque chose de si neuf, au regard de ce qui peut s’écrire de meilleur dans le genre (je pense par exemple au travail de Patrick Ness). Dans le roman, le monde fantastique entretient une relation ambivalente avec le réel. Il en révèle la complexité et la profondeur alors que les Teambuilding les plus sophistiqués sont le plus souvent un prétexte à une réécriture d’une réalité contemporaine ou historique, ce qui induit finalement une hiérarchie. Kev Lambert capte et acte quelque chose de très compliquée à saisir : la prévalence temporaire de la fiction dans l’enfance.

Je pense que je me souviendrai toujours de ces pages où Zoey se retrouve seul dans la bibliothèque de son école, et explore librement les rayons destinés aux « lectures de filles ». Et de mon émotion en lisant ce déchirant acte de foi romanesque : «  Y a plein d’enfants comme nous. On va les trouver ».

« Les entiers de neige », Kev Lambert, éd Le Nouvel Attila, 2024.

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🫖🍵🍞🍇🧌

Étrange idée que de confier l’adaptation du « Lisey’s Story » de Stephen King au réalisateur Pablo Larraín.

Si l’efficacité du thriller ne semble pas tellement l’intéresser, la dimension étrange et poétique de l’écrivain a rarement été si bien rendue à l’écran. Curieuse série portée par un très beau trio d’actrices.

« Lisey’s Story », Pablo Larraín, 2021

#pablolarrain #stephenking #serie #appletv #juliannemoore

Récolte du Festival du livre jeunesse de la Ferté Bernard : ce « brutalopolis »édité par Marguerite Waknine dans la collection Le cabinet de dessins.

Mai Li Bernard réinvestit l’esthétique brutaliste dans des dessins techniques inspirés de bâtiments réels, à partir de gommettes colorées. Un geste artistique ludique faussement naïf qui trouve une équivalence astucieuse aux caractéristiques du courant architectural, ici très éloigné de l’a priori d’austérité qui lui est attaché.

« Brutalopolis », Mai Li Bernard, éd. marguerite waknine, coll. Le cabinet de dessins, 2017.

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« où sont les enfants
qui fonctionnent à l’endroit ?
les enfants
qui savent encore
rire
faire du bruit et trouver ça normal
faire du bruit et ne pas s’inquiéter
où sont les enfants qui savent encore
ne pas s’inquiéter
qui savent encore parler
qui ont sur leurs visages
les bonnes grimaces aux bons moments
qui regardent dans les miroirs
sur les photos
dans la maison
qui s’y trouvent à leur place ?
où sont les enfants à leur place d’enfant ?
les enfants qui ne sont pas violents
avec les autres
avec leurs corps
avec le corps des autres
et les roues des voitures
où sont les enfants
légers
? »

Très beau premier roman en vers libres de la poétesse Alix Lerasle, qui trouve la forme juste pour restituer une expérience familiale terrifiante.

« Du verre entre les doigts », Alix Lerasle, éd. Le Castor Astral, 2024

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Cracra, obsessionnel et ridicule, Daniel Craig campe un touchant alter égo de William S.Burroughs dans une adaptation au moins aussi ratée (et néanmoins intéressante) que l’était « Le Festin Nu » de Cronenberg.

« Queer », Luca Guadagnino, 2025

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Après avoir achevé « Katie », je suis enfin à jour du travail de redécouverte de Michael McDowell par les éditions Monsieur Toussaint Louverture. Si j’ai un peu le sentiment ici d’aborder le travail de l’auteur par son versant le moins frappant, je n’en demeure pas moins convaincu par l’intérêt de la poursuite des hostilités après la surprise « Black Water ».

« Katie » est un roman roboratif, qui joue à plein les poncifs du roman feuilleton dix-neuvièmiste mais avec des outrances narratives quasi humoristiques, et des giclées gores surprenantes. Le souffle que l’on pouvait trouver dans la célèbre saga de l’auteur est ici absent mais le goût du travail bien fait et l’ironie sont bien là, ce qui a suffi à mon plaisir.

« Katie », Michael McDowell, éd. Monsieur Toussaint L’ouverture, 2024

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Promenade sur les quais de Sarthe. l’ancienne usine de produits laitiers Vinay à découvert, provisoirement libérée de sa végétation, avant le retour du printemps.

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« Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être ».

À cette citation de Goethe mise en exergue du formidable Brutaliste de Brady Corbet, je préfère celle-ci : « On peut aussi bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin ». Avec le béton en l’occurrence…

« Le Brutaliste », Brady Corbet, 2025.

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« Bonjour bonne nuit » d’Hubert Poirot Bourdain dans Le Nouvel Obs par Anne Crignon.

Premier livre de ma collection sarbabb chroniqué dans le magazine favori de mon père.

Imaginer le dernier numéro sur la table du salon à Briec de l’Odet est une petite épiphanie 🙏

« Bonjour bonne nuit », Hubert Poirot Bourdain, éd. Sarbacane, coll. sarbabb, 2025.

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À l’occasion du SLPJ 2025, dans le cadre des journées professionnelles, j'ai eu le plaisir d'animer un webinaire intitulé "Le livre d'éveil : un formidable espace de jeu" avec l'autrice Elo et la psychopédagogue Fabienne Agnès Levine.

Le replay est disponible sur la chaîne Youtube des éditions Sarbacane :

https://youtu.be/7DZSe_CQiZ8?si=8IAvcKoZ1CnHD1LR

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Les brises-lames, la piscine de la plage de Bon-Secours, la façade art déco de l’ancien hôtel Le Gallic de Dinard, la Pointe du Groin et la vue depuis le Mausolée de Chateaubriand : un week-end à St Malo.

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« T3M : traumatic memory mapping model. T3M est un dispositif science-fictionnel utopique qui permettrait à touxes de cartographier la violence systémique qui nous construit et de soigner ses conséquences sur nos corps ».

Brillant et très stimulant, le texte d’Héloïse Brézillon confirme le talent et l’originalité d’une personnalité dont les performances scéniques poétiques m’avaient impressionné : la carte blanche de Chloé Delaume à la Maison de la Poésie disponible sur YouTube est à voir absolument !

La lecture de T3M m’a rappelé mon premier visionnage de « La jetée » de Chris Marker. Le texte et le film entretiennent des rapports étroits : le caractère science-fictionnel et expérimental, la physicalité des souvenirs et le trauma enfoui.

Très beau livre.

« T3M », Héloïse Brézillon, éd. du commun, 2024.

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Ultra sensoriel, anti-psychologique et quasi dystopique.

Le lecteur devra se couler dans la subjectivité et les gestes mono-maniaques de la narratrice, et savoir parfois seulement se contenter de l’expérience de la langue, très neuve. Un premier roman qui vaut plus que le détour.

Pipeline, Rachel M. Cholz, éd. le Seuil, 2024.

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« Je réalisais soudain que de tous les habitants de cette planète, j’étais peut-être la seule à connaître la chose la plus essentielle de l’histoire du monde, quelque chose qui allait tout changer. »

Adepte un jour, adepte toujours : la secte Daniel Clowes.

Monica, Daniel Clowes, éd. Delcourt, 2023.

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